L’évolution de l’anesthésie au XIXème siècle
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L’évolution de l’anesthésie au XIXème siècle
La chirurgie, ainsi que l’anesthésie ont connu un développement majeur au XIXème siècle, certaines opérations trop douloureuse posant des problèmes aux médecins de l’époque, il a fallu trouver un moyen d’éliminer cette douleur. Le développement de ces deux domaines témoignent et représentent une partie majeure de la première révolution industrielle, profitant des nombreux progrès dans le domaine de la chimie.
Mais au début du siècle, on parlait essentiellement de chirurgie « de guerre », comme lors des guerres napoléoniennes où les soldats étaient anesthésiés avec de l’alcool ou avec l’aide de températures glaciales. Seule cette chirurgie était utilisée car les chirurgiens et les dentistes faisaient face à un problème majeur au début du XIXème siècle : l’infection. On n’osait pas opérer car beaucoup de patients mouraient après l’opération à cause de microbes. On sait également qu’environ une femme sur deux mourait en couche à cause de l’infection ; les outils n’étaient pas propres, les mains étaient sales de même que les draps. Ce n’est qu’après de nombreuses recherches réfutant la théorie de la « génération spontanée » (apparition de la vie de manière spontanée, notamment des microbes), que la chirurgie ainsi que l’anesthésie on put réellement se développer. C’est grâce aux recherches et aux expériences de Theodor Schwann (en 1837) et de Louis Pasteur (à partir de 1859) que l’infection a pu être contrôlée lors des opérations et des accouchements et la chirurgie généralisée sans craintes.
De nombreuses recherches avaient cependant étés réalisées auparavant comme celles de Humphry Davy en 1799, où le jeune scientifique découvrit les propriétés anesthésiques du protoxyde d’azote en inhalant ce gaz. Les propriétés de quelques substances à base d’opium ont ensuite été mises en évidence par des scientifiques en 1803 et 1804 mais leurs propriétés ne furent publiées qu’en 1814. Le curare, utilisé de nos jours en anesthésie générale, eut également droit à quelques expérimentations par Benjamin Collins Brodie qui s’aperçut que cette substance provoquait une paralysie. Selon lui, le tétanos pouvait se soigner avec du curare. Michael Faraday découvrit ensuite quelques propriétés narcotiques de l’éther en 1818 qu’il exposa dans une revue. Plus tard, en 1831, 3 chimistes européens, Eugène Soubeiran (Français), Samuel Guthrie (Américain) et Justus von Liebig (Allemand) découvrirent indépendamment le chloroforme. Toutes ces recherches n’étaient en fin de compte pas d’une grande utilité dans le domaine de la chirurgie avant la résolution du problème d’aseptie. Ainsi, les effets du protoxyde d’azote ne seront en réalité exploités qu’en 1844 et les propriétés de l’éther ne seront utilisées qu’en 1842.
Humphry Davy:
Benjamin Collins Brodie:
Michael Faraday:
Respectivement, Eugène Soubeiran, Samuel Guthrie, Justus von Liebig:
Théodor Schwann:
Louis Pasteur:
Après cela, l’anesthésie connut un véritable engouement lié à la repopularisation de la chirurgie. C’est en 1842 que se déroula la première vraie opération chirurgicale avec l’utilisation d’un anesthésiant : l’éther. William Edward Clarke endormit sa patiente grâce à cette substance par inhalation (à travers une serviette), et put donc lui arracher une dent sans douleur. Rien de cela ne fut publié. Le chirurgien américain Crawford Williamson Long reprit ensuite l’éther et effectua des études poussées ainsi que des opérations la même année de la même manière que Clarke. Il s’agissait d’enlever des tumeurs au cou ainsi que d’amputer un orteil. Celles-ci furent un succès, les patients témoignant ne rien avoir sentis.
Crawford Williamson Long:
Illustration de la première anesthésie chirurgicale a l’éther:
C’est ensuite au protoxyde d’azote d’être utilisé par les chirurgiens. En 1844, Horace Wells, utilisa cette substance lors d’une opération dentaire après avoir été intrigué lors d’une représentation de cirque par le gaz hilarant.
Illustration montrant l'extraction de la molaire d'Horace Wells après avoir respiré du protoxyde d'azote:
Ce fut un succès et le dentiste américain réitéra l’opération au protoxyde d’azote jusqu’au moment où il effectua une erreur de dosage sur un patient en pleine conférence en 1845. Il fut discrédité et le protoxyde ne fut plus utilisé pendant un moment.
Horace Wells:
La première anesthésie chirurgicale sous éther en public fut effectuée par les américains William Thomas Green Morton et John Collins Warren le 16 Octobre 1846 devant beaucoup de médecins et de scientifiques. Considérée souvent à tort comme la première anesthésie, elle fut un succès, le patient n’ayant ressenti aucune douleur et la pratique se répandit alors comme un virus partout dans le monde.
Reconstitution de l’opération en public quelques jours après la véritable:
Apres cet évènement, Oliver Wendell Holmes, médecin et professeur à Harvard nomma cette pratique « anesthésie » voulant dire en grec « absence de sensations ».
C’est ensuite au tour du chloroforme d’être utilisé par la communauté scientifique. C’est le gynécologue Ecossais James Young Simpson qui découvrit les propriétés anesthésiantes de cette substance lors de ses recherches en 1847 (16 ans après sa découverte par nos trois scientifiques).
Découverte du chloroforme : James Young Simpson et ses deux collègues tombèrent inconscient après avoir respiré des vapeurs de chloroforme:
Simpson réutilisa le chloroforme de nombreuses fois, notamment durant un accouchement la même année ce qui provoqua la colère de l’Eglise qui estimait qu’il était contraire à la volonté divine de diminuer la douleur de l’accouchement puisque d’après la Bible la femme devait enfanter dans la douleur. Simpson argua alors que Dieu était pourtant un anesthésiste puisqu’il avait endormi Adam pour créer la femme et qu’il ne pouvait donc s’y opposer. Il remporta la dispute. Cette victoire ne deviendra pourtant officielle que lorsque la reine Victoria y aura recours lors de la naissance de son huitième enfant, le prince Léopold en 1853 puis de sa fille Béatrice en 1857. De part cette autorisation royale, la pratique devint très populaire et se répandit dans la culture européenne.
Pour l’instant, nous n’avons parlé que d’anesthésie générale (le patient s’endort et on l’opère), mais plus tard, vers la fin du XIXème siècle, l’anesthésie loco-régionale apparut. Le chimiste et pharmacien allemand Albert Niemann fit quelques premières expériences sur des feuilles de coca rapportées de l’étranger en 1859. En 1878, Vassily Konstantinovich von Anrep anesthésia sa langue avec de la cocaine. En 1884, le chirurgien Carl Koller s'intéressa d'assez près lui aussi à la cocaïne (Cf. histoire de l'anesthésie locale) tout comme James Leonard Corning en 1885. Puis cette pratique se répandit parmi les dentistes et les médecins ce qui facilita grandement les opérations chirurgicales.
Feuille de Cocaïne:
Mais l’anesthésie comportait des risques importants car elle se révéla être une science complexe et dangereuse, les produits devant être maniés avec soin et les doses calculées avec précision. On note beaucoup d’accidents d’anesthésie au chloroforme ou à l’éther au XIXème siècle, notamment celui d’une jeune fille de 15 ans nommée Hannah Greener lors d’une opération d’un ongle incarné. Pour chaque accident, les raisons restaient floues, les connaissances dans le domaine de la chimie médicale n’étant pas suffisantes à l’époque. Beaucoup de mesures ont alors été prises, comme celles imposées par Joseph Lister en 1865 qui imposaient des règles antiseptiques avant toute opération chirurgicale en Angleterre. Une autre des mesures importantes et plus radicale est la préférence de l'éther et du protoxyde d'azote au chloroforme. Il y eût certes, également des décès avec ses deux substances mais moins qu'avec le chloroforme.
Décès d’Hannah Greener en 1848:
Joseph Lister:
Aujourd’hui, les décès sont moins nombreux et les opérations plus sures. Cependant l’origine de notre anesthésie et même de notre chirurgie actuelle vient de cette période et figure parmi les grands progrès de la première révolution industrielle.
Mais au début du siècle, on parlait essentiellement de chirurgie « de guerre », comme lors des guerres napoléoniennes où les soldats étaient anesthésiés avec de l’alcool ou avec l’aide de températures glaciales. Seule cette chirurgie était utilisée car les chirurgiens et les dentistes faisaient face à un problème majeur au début du XIXème siècle : l’infection. On n’osait pas opérer car beaucoup de patients mouraient après l’opération à cause de microbes. On sait également qu’environ une femme sur deux mourait en couche à cause de l’infection ; les outils n’étaient pas propres, les mains étaient sales de même que les draps. Ce n’est qu’après de nombreuses recherches réfutant la théorie de la « génération spontanée » (apparition de la vie de manière spontanée, notamment des microbes), que la chirurgie ainsi que l’anesthésie on put réellement se développer. C’est grâce aux recherches et aux expériences de Theodor Schwann (en 1837) et de Louis Pasteur (à partir de 1859) que l’infection a pu être contrôlée lors des opérations et des accouchements et la chirurgie généralisée sans craintes.
De nombreuses recherches avaient cependant étés réalisées auparavant comme celles de Humphry Davy en 1799, où le jeune scientifique découvrit les propriétés anesthésiques du protoxyde d’azote en inhalant ce gaz. Les propriétés de quelques substances à base d’opium ont ensuite été mises en évidence par des scientifiques en 1803 et 1804 mais leurs propriétés ne furent publiées qu’en 1814. Le curare, utilisé de nos jours en anesthésie générale, eut également droit à quelques expérimentations par Benjamin Collins Brodie qui s’aperçut que cette substance provoquait une paralysie. Selon lui, le tétanos pouvait se soigner avec du curare. Michael Faraday découvrit ensuite quelques propriétés narcotiques de l’éther en 1818 qu’il exposa dans une revue. Plus tard, en 1831, 3 chimistes européens, Eugène Soubeiran (Français), Samuel Guthrie (Américain) et Justus von Liebig (Allemand) découvrirent indépendamment le chloroforme. Toutes ces recherches n’étaient en fin de compte pas d’une grande utilité dans le domaine de la chirurgie avant la résolution du problème d’aseptie. Ainsi, les effets du protoxyde d’azote ne seront en réalité exploités qu’en 1844 et les propriétés de l’éther ne seront utilisées qu’en 1842.
Humphry Davy:
Benjamin Collins Brodie:
Michael Faraday:
Respectivement, Eugène Soubeiran, Samuel Guthrie, Justus von Liebig:
Théodor Schwann:
Louis Pasteur:
Après cela, l’anesthésie connut un véritable engouement lié à la repopularisation de la chirurgie. C’est en 1842 que se déroula la première vraie opération chirurgicale avec l’utilisation d’un anesthésiant : l’éther. William Edward Clarke endormit sa patiente grâce à cette substance par inhalation (à travers une serviette), et put donc lui arracher une dent sans douleur. Rien de cela ne fut publié. Le chirurgien américain Crawford Williamson Long reprit ensuite l’éther et effectua des études poussées ainsi que des opérations la même année de la même manière que Clarke. Il s’agissait d’enlever des tumeurs au cou ainsi que d’amputer un orteil. Celles-ci furent un succès, les patients témoignant ne rien avoir sentis.
Crawford Williamson Long:
Illustration de la première anesthésie chirurgicale a l’éther:
C’est ensuite au protoxyde d’azote d’être utilisé par les chirurgiens. En 1844, Horace Wells, utilisa cette substance lors d’une opération dentaire après avoir été intrigué lors d’une représentation de cirque par le gaz hilarant.
Illustration montrant l'extraction de la molaire d'Horace Wells après avoir respiré du protoxyde d'azote:
Ce fut un succès et le dentiste américain réitéra l’opération au protoxyde d’azote jusqu’au moment où il effectua une erreur de dosage sur un patient en pleine conférence en 1845. Il fut discrédité et le protoxyde ne fut plus utilisé pendant un moment.
Horace Wells:
La première anesthésie chirurgicale sous éther en public fut effectuée par les américains William Thomas Green Morton et John Collins Warren le 16 Octobre 1846 devant beaucoup de médecins et de scientifiques. Considérée souvent à tort comme la première anesthésie, elle fut un succès, le patient n’ayant ressenti aucune douleur et la pratique se répandit alors comme un virus partout dans le monde.
Reconstitution de l’opération en public quelques jours après la véritable:
Apres cet évènement, Oliver Wendell Holmes, médecin et professeur à Harvard nomma cette pratique « anesthésie » voulant dire en grec « absence de sensations ».
C’est ensuite au tour du chloroforme d’être utilisé par la communauté scientifique. C’est le gynécologue Ecossais James Young Simpson qui découvrit les propriétés anesthésiantes de cette substance lors de ses recherches en 1847 (16 ans après sa découverte par nos trois scientifiques).
Découverte du chloroforme : James Young Simpson et ses deux collègues tombèrent inconscient après avoir respiré des vapeurs de chloroforme:
Simpson réutilisa le chloroforme de nombreuses fois, notamment durant un accouchement la même année ce qui provoqua la colère de l’Eglise qui estimait qu’il était contraire à la volonté divine de diminuer la douleur de l’accouchement puisque d’après la Bible la femme devait enfanter dans la douleur. Simpson argua alors que Dieu était pourtant un anesthésiste puisqu’il avait endormi Adam pour créer la femme et qu’il ne pouvait donc s’y opposer. Il remporta la dispute. Cette victoire ne deviendra pourtant officielle que lorsque la reine Victoria y aura recours lors de la naissance de son huitième enfant, le prince Léopold en 1853 puis de sa fille Béatrice en 1857. De part cette autorisation royale, la pratique devint très populaire et se répandit dans la culture européenne.
Pour l’instant, nous n’avons parlé que d’anesthésie générale (le patient s’endort et on l’opère), mais plus tard, vers la fin du XIXème siècle, l’anesthésie loco-régionale apparut. Le chimiste et pharmacien allemand Albert Niemann fit quelques premières expériences sur des feuilles de coca rapportées de l’étranger en 1859. En 1878, Vassily Konstantinovich von Anrep anesthésia sa langue avec de la cocaine. En 1884, le chirurgien Carl Koller s'intéressa d'assez près lui aussi à la cocaïne (Cf. histoire de l'anesthésie locale) tout comme James Leonard Corning en 1885. Puis cette pratique se répandit parmi les dentistes et les médecins ce qui facilita grandement les opérations chirurgicales.
Feuille de Cocaïne:
Mais l’anesthésie comportait des risques importants car elle se révéla être une science complexe et dangereuse, les produits devant être maniés avec soin et les doses calculées avec précision. On note beaucoup d’accidents d’anesthésie au chloroforme ou à l’éther au XIXème siècle, notamment celui d’une jeune fille de 15 ans nommée Hannah Greener lors d’une opération d’un ongle incarné. Pour chaque accident, les raisons restaient floues, les connaissances dans le domaine de la chimie médicale n’étant pas suffisantes à l’époque. Beaucoup de mesures ont alors été prises, comme celles imposées par Joseph Lister en 1865 qui imposaient des règles antiseptiques avant toute opération chirurgicale en Angleterre. Une autre des mesures importantes et plus radicale est la préférence de l'éther et du protoxyde d'azote au chloroforme. Il y eût certes, également des décès avec ses deux substances mais moins qu'avec le chloroforme.
Décès d’Hannah Greener en 1848:
Joseph Lister:
Aujourd’hui, les décès sont moins nombreux et les opérations plus sures. Cependant l’origine de notre anesthésie et même de notre chirurgie actuelle vient de cette période et figure parmi les grands progrès de la première révolution industrielle.
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