Effets sur le corps

Fonctionnement de l’analgésique:
Les analgésiques sont indispensables car ils empêchent le patient de ressentir la douleur lors de l’opération. Ils sont également utilisés lors d’anesthésies locorégionales ou régionales voire même comme antidouleurs sur prescription médicale.
Historiquement, ces types de produits étaient connus depuis longtemps mais peu maîtrisés par les médecins ; les dosages étaient hasardeux et provoquaient assez régulièrement la mort du patient par overdose. La morphine, l’un des analgésiques le plus utilisé, fût réellement « découverte », c’est-à-dire étudiée, en 1804 grâce à Friedrich Willem Sertuner, un pharmacien allemand qui après des expérimentations sur son chien publia le premier traité sur les effets hypnotiques de la morphine.
Les analgésiques agissent sur le système nerveux central où ils saturent les récepteurs aux messages nerveux du ressenti de la douleur, empêchant ainsi le patient de souffrir tant qu’il est sous l’influence du produit. Ces produits peuvent toutefois provoquer une addiction liée à une accoutumance aux produits utilisés.

Schéma : la voie nerveuse de la douleur

Fonctionnement d’un hypnotique :

Les hypnotiques ont pour but d’endormir le patient lors de l’opération ; le choc opératoire est ainsi moins important et le patient moins réceptif à son entourage.

Ces produits sont connus depuis très longtemps mais étaient surtout utilisés en tant que somnifères sans implication avec une anesthésie. Ils ont commencé à être vus comme utiles lors d’opérations vers le bas Moyen-Age. (cf. l’anesthésie dans l’Antiquité et le Moyen-Age)

Ce type de substance agit en se fixant sur le récepteur-canal de l’acide gamma aminobutyrique A (GABA-A), un neurotransmetteur inhibiteur répandu dans les neurones du cortex qui contribue notamment au contrôle moteur, à la vision et à plusieurs autres fonctions corticales. Sous l’influence d’un hypnotique, l’acide ne peut plus se déposer sur le récepteur et empêche son fonctionnement. La neutralisation de ce récepteur-canal sur un organisme pousse ainsi le patient au sommeil. Du fait de son mode d’action, les hypnotiques provoquent divers effets indésirables tels qu’une potentielle accoutumance (cf. effets secondaires).

Schéma : action du GABA-A.

Fonctionnement d’un curare:

Il existe trois sortes de muscles : les muscles lisses qui servent pour les tâches organiques, le muscle cardiaque (myocarde) c’est-à-dire la partie du cœur qui a pour fonction de se contracter, et enfin les muscles striés squelettiques dont le fonctionnement est contrôlé par la volonté du patient. C’est sur ces derniers que le curare agit en permettant un relâchement complet de ces muscles.

Schéma : structure globale du muscle squelettique


Le curare possède quatre buts principaux :
-supprimer les contractions musculaires comme dans le cas de traitements par électrochocs en neurologie.
-réduire la tension musculaire du patient pour faciliter l’opération.
-faciliter l’intubation.

Le curare est à la base un poison issu de lianes d’Amazonie et utilisé pour la chasse par des tribus amérindiennes et aborigènes. Son utilisation en anesthésie est venue tardivement à cause du caractère létal du produit qui provoque de par ses propriétés une apnée totale du patient, les muscles utilisés pour la respiration étant paralysés. C’est en 1812 que Benjamin Brody réussit à prouver que le curare n’est pas forcément mortel si la respiration est maintenue artificiellement ; il a ainsi permis le commencement des recherches sur l’utilisation du curare en médecine. Au fil des années, les propriétés du curare ainsi que ses particules actives furent découvertes jusqu’à ce qu’en 1942, le curare puisse être introduit en anesthésie locale et générale. Enfin, en 1946, Daniel Bovet parvient à créer le premier curarisant de synthèse (nommé Flaxedil) utilisable par l’homme.

Le curare agit en bloquant les récepteurs nicotiniques de l’acétylcholine qui contrôlent entre autre les mouvements volontaires. Ces récepteurs se trouvent au niveau de la plaque motrice (interface entre le neurone qui commande la contraction et la fibre musculaire concernée). Le curare utilisé de nos jours est synthétique et de deux sortes : le curare dépolarisant et le curare non dépolarisant. Leur zone d’action est la même mais ils n’ont pas tout à fait le même mode de fonctionnement.

Schéma : plaque motrice.


Les curares dépolarisants activent les récepteurs et entrainent ainsi une dépolarisation qui conduit à la contraction du muscle remplaçant l’acétylcholine. Toutefois, contrairement à l'acétylcholine qui est métabolisée en une fraction de seconde à la plaque motrice, les curares dépolarisants restent au voisinage du récepteur suffisamment longtemps pour l'inactiver. En effet, après seulement quelques milli-secondes en présence d'un agoniste de l’acétylcholine, c’est-à-dire d’une molécule possédant les mêmes propriétés que l’acétylcholine, le récepteur devient insensible à l'action de l'acétylcholine. Ce curare est rapide : il agit en moins d’une minute, et dure en moyenne une dizaine de minutes jusqu’à disparaître. Il est donc surtout utilisé pour les intubations où il permet d’éviter les lésions à la gorge ou des modifications de la voix lors de la mise en place et du retrait du tuyau. Il bloque également les réflexes de toux puisque les muscles du larynx ne fonctionnent pas.

Les curares non-dépolarisants sont départagés en deux familles chimiques, les benzylisoquinolines et les aminostéroïdes. Ils remplacent l’acétylcholine au niveau des récepteurs et empêchent l’ouverture du canal ionique (canal qui permet le passage d’ions spécifiques entre la cellule et le milieu intérieur). Les muscles se contractant après un changement de la perméabilité (par ouverture de canaux ioniques) des ions Na, K et Ca au niveau de la plaque motrice, le blocage de ce canal paralyse les muscles striés squelettiques. L’intérêt de ce curare est l’annulation rapide de ses effets en cas d’augmentation de la concentration d’acétylcholine du fait de leur compétitivité. Malgré cet antidote, les allergies à ce type de curare bien que rares existent et seraient responsables de 60% des décès survenus lors d’une anesthésie.