Anesthésie TPE
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De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance

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De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Empty De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance

Message par Fanny Mar 10 Mar - 19:24

A. Durant l'Antiquité
Dans l’univers médical, l’idée de neutraliser la douleur lors d’une opération naquit bien avant notre époque.

Les premières traces de l’anesthésie remontent au  4ème millénaire avant JC, les sumériens auraient eu connaissance des effets de l’opium. Les premières références à l’utilisation de cette plante dans l’histoire médicale ont été décryptées à partir des tablettes sumériennes découvertes au XIXème siècle à Nippur ville d’Irak au sud de Bagdad.  Ce sont des plaquettes d’argile gravées qui font mention d’un emploi de l’opium aux époques sumérienne et babylonienne.

Gravure sumérienne (4000 av JC): De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Gravur11

Des représentations datant du VIIIème siècle avant notre ère représentent la plante de la joie, nom alors donné au pavot. Or l’opium est extrait du pavot et possède des propriétés soporifiques.  On a bien des preuves que cette technique était utilisée.

Pavot: De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Pavot12

Vers le XVème siècle avant JC, on retrouve chez les Egyptiens l'utilisation de cette plante mais aussi celle de la mandragore qui possède des propriétés hallucinogènes (c’est-à-dire une altération des perceptions et des  sensations).

Mandragore: De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Mandra12

A cette époque, les chinois, par exemple, employaient aussi le haschisch (résine de cannabis ou chanvre) et l'action du froid sur les nerfs.

Les incas frictionnaient la peau des patients avec un extrait de feuilles de coca (c’est à partir de ces feuilles qu’on produit aujourd’hui la cocaïne).
Ils pratiquaient ainsi des amputations, après anesthésie du muscle avec des feuilles de coca et d'autres plantes.

Les égyptologues ont retrouvés dans certains sarcophages des papyrus très bien conservés. Parmi-eux, découvert en 1873, le papyrus d'Ebers datant de 1550 avant JC est très célèbre en ce qui concerne la lutte contre la douleur. Il décrit sur plus de 20m de longueur des techniques médicales.
     
Représentation de médecin égyptien manipulant de la Mandragore: De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Rep12

Partie du papyrus d’Ebers: De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Papyru11

Les grecs au 5ème siècle av JC, rapportent aussi quelques informations intéressantes concernant le combat contre la douleur. C'est surtout Hérodote, dans son œuvre divisée en neuf exemplaires nommée Histoires, qui raconte un fait surprenant à cette époque : les Scythes, un des peuples de la mer noire, rendaient volontairement des hommes dans un état second en leur faisant inhaler des vapeurs de chanvre "entrainant l'hilarité des participants".

Durant cette même époque, des écrits d'Hippocrate nous sont parvenus sur l'utilisation de la fleur de pavot. C'est la première fois que les hommes distinguent l'utilisation de cette plante de la magie et de la religion et que celle-ci est considérée comme médicale.
Cependant la préparation d'Hippocrate étant difficile à réaliser, elle rendait son utilisation peu répandue. En effet, sa composition était assez aléatoire : il n’y avait pas de recette
bien définie et toute personne qui l’utilisait risquait, au lieu de soigner son patient de le tuer. Cette technique était donc peu entreprise en raison de sa dangerosité.

Hippocrate  (460-370 av JC): De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Hippoc11
         
Hérodote (484-420 av JC): De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Hyrodo11

Au Ier siècle après JC, Pedanius Dioscoride (médecin de Néron) et Pline l'Ancien citaient pour la première fois dans le monde le mot "anesthésie" qu'ils définissaient comme "l'absence de la capacité de sentir". C'est encore en observant les deux plantes les plus répandues à cette époque (le pavot et la mandragore) que ces deux hommes mettent en évidence leurs propriétés.

Ils les décrivent même  très précisément :
« Il y a une espèce femelle, noire qui est appelée tridakias, qui a des feuilles plus étroites et plus petites que la laitue, d’une odeur puante et forte, étendues sur le sol, ainsi que des « pommes » semblables à celles du sorbier, jaune pâle, d’une bonne odeur, dans lesquelles il y a une graine semblable à celle de la poire… Les feuilles de l’espèce mâle et blanche, que certains appellent morion, sont claires, grandes, larges et lisses comme celles de la bette. Ses pommes sont deux fois plus grosses, de couleur safran, dégagent une odeur agréable relativement forte. Les bergers en mangent et s’endorment pour un certain temps. Sa racine est semblable à la précédente, mais plus grande et plus blanche. Elle n’a pas de tige non plus…»

Dioscoride dans son Histoire Naturelle raconte qu'il fit cette découverte en extrayant 0,45 litre de vin de mandragore afin d'entrainer une action soporifique et donc de supprimer la douleur. Ce vin était donné aux condamnés avant qu’ils ne soient pendus ou utilisé pour la cautérisation des plaies des soldats.

Dioscoride (40-90) : De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Dio11
                   
Pline  L’ancien (23-79): De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Pline11

Un siècle plus tard, chez les romains, Claude Galien inspiré alors d'Hippocrate prépare une curieuse mixture de 54 ingrédients différents d'origine végétale, minérale et animale : la Thériade. Celle-ci est issue de la préparation d'Andromaque (médecin de l'empereur Néron) la thériaque, premier antidote contre les poisons à base de pavot. Cette sorte de thériaque sera ensuite utilisée jusqu'au XIXème siècle, rapportée par Johann Zwelfer dans Pharmacopoeia augustana (1653) mais quelque peu déformée par le temps

Claude Galien (130-210): De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Claude11

B. Jusqu'à la Renaissance
Un peu plus tard, après la fondation de l'Abbaye du Mont-Cassin aux alentours de 529 au nord de Naples, les moines du Mont-Cassin fondent l'école de Salerne. Saint Benoît (née vers 480/490 et mort vers 547) imposa aux moines l'obligation de soigner et guérir les malades (par des techniques non scientifiques telles que l'exorcisme et la prière). Ceci ne suffisant pas, ils durent utiliser les autres moyens à disposition : les plantes trouvées dans la nature. Grâce à la transcription de Guido d'Arezzo (née en 992 - mort en 1050) sur les pratiques de ces moines en 1170, on a pu savoir qu’ils utilisaient plusieurs ingrédients dont l’opium, le musc, le lierre et la Mandragore appliqués à travers une éponge placée sur la figure. Ceci sera dénommé plus tard les éponges soporifiques.

Utilisation des éponges soporifiques au moyen âge: De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Yponge11

En 1520, Paracelse, un médecin suisse analysa les propriétés de l'opium et concocta une préparation qui sera très utilisée et qui l'est encore un petit peu de nos jours : le laudanum. Cette mixture à base d'opium sera à l'origine des premiers cas de toxicomanie d'où une des raisons de son utilisation assez importante. Sa composition n'est pas très différente des mixtures à l'opium déjà existantes cependant, là où Paracelse innove est que l'opium n'est pas juste mélangé dans de l'eau, il est carrément extrait dans l'alcool. Cela augmente le côté anesthésique du breuvage.

Paracelse (1493-1541): De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Para11


Ambroise PARÉ (1510-1590), chirurgien français des champs de bataille et du roi, père de la chirurgie moderne, utilise alcool et opium pour soulager les opérés: De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Ambroi10

40 ans plus tard, les parutions des écrits posthumes de Valerius Cordus expliquent qu'en s'inspirant lui aussi des découvertes de Paracelse, il réussit à synthétiser l’éther (plus précisément l'éther diéthylique) pour la première fois en Europe. Il nomme ceci l’huile douce de vitriol ou en langue originale oleum Vitreoli dulce en ajoutant de l'acide sulfurique à de l'alcool.

Valerius Cordus (1515-1544): De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Vale12

Thomas Sydenham (1624-1689) reprit les travaux de Paracelse et fixa la composition du laudanum.

Thomas Syndenham: De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Thomas12

Après les médecins, des chimistes se mettent à synthétiser des substances utiles à l’anesthésie.

Joseph PRIESTLEY, théologien, chimiste et physicien britannique  mène des travaux sur les gaz inflammables. Il isole du protoxyde d’azote N2O sous le nom "d’air nitreux déphlogistiqué" en 1772 et de l’oxygène pur O2 ("air vital déphlogistiqué"). Le fameux protoxyde d'azote allait rapidement être baptisé "gaz hilarant". Ces expériences ne sont pas du goût de ses concitoyens qui l'accusent de sorcellerie. Il meurt à 71 ans sans avoir appliqué les vertus anesthésiques de sa découverte.

Joseph PRIESTLEY (1733-1800): De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Thomas10

Un autre chimiste britannique Humphry DAVY reprend les travaux de Priestley sur le protoxyde d'azote et met au point un ballonnet de soie pour en faciliter l'usage.
Il émet en 1800 l'hypothèse d'utiliser ce gaz pour lutter contre la douleur chirurgicale mais son idée n'est pas retenue.
Le N2O est à cette époque utilisé pour des inhalations médicinales ou des spectacles de cirque en tant que « gaz hilarant ».

Affiche de cirque pour le gaz « hilarant »: De l'Antiquité jusqu'à la Renaissance Affich10

Pendant des siècles, on vient de voir que les médecins ont eu recours, selon les civilisations, à des anesthésiques dérivés de l'opium et de l'alcool.

Toutes ces méthodes étaient trop peu efficaces pour qu'une opération puisse se prolonger sans douleur ni état de choc. Au début du XIXe siècle, le taux de mortalité postopératoire était énorme : 100 % pour une trépanation, et 10 % pour la simple amputation d'un doigt.

Fanny
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